La nuit du 4 août à radio Zinzine
31072021 Commentaires : Aucun commentaire »Catégories : autogestion, Histoire, Longo maï
A l’occasion de ses 40 ans, Radio Zinzine vous invite à deux jours de fête !
Juin 1981, sur une belle colline nommée « le jas de Zinzine », entre les chênes provençaux, naissait une radio libre, Radio Zinzine. Nourrie de voix alternatives, elle émet depuis 40 ans dans une grande partie du Sud-Est. Sa longévité tient à la fidélité et à l’exigence de ses auditeur/trices, ainsi qu’à la variété de participation, ponctuelles ou régulières, de toutes les personnes souhaitant donner voix aux réalités et points de vues absents du discours dominant. La radio a 40 ans, l’année dernière nous n’avons pas pu nous retrouver, une partie des subventions dont nous dépendons a été réduite : voilà d’excellentes raisons pour se réunir joyeusement autour de ce média politique dissident. Venez soutenir financièrement RZ pour assurer sa pérennité ! Venez fêter ses 40 ans ! Retrouvons-nous pour cet événement qui marque traditionnellement le début des festivités de l’été. Cette année la fête de soutien à Radio Zinzine se déroule sur deux jours avec la volonté de prendre en compte les goûts, les envies et les possibilités de chacun·e
Vendredi 2 Juillet : Ouverture du site à 17h
Exposition photo et vidéo en hommage aux 40 ans de Zinzine, Infokiosque , 18h30 : premier Spectacle
20h30 : Concert assis du groupe MIME (chanson française)
Samedi 3 Juillet: Ouverture du site à 16h
L’après-midi : Exposition photo et vidéo en hommage aux 40 ans de Zinzine, Infokiosque, Zone d’écoute de moments radiophoniques, Stand de sérigraphie (amener tee-shirts, culottes, masques, etc. en coton de préférence)
16h30 : Contes pour enfants et adultes , 18h : Écoute collective d’un montage sonore de 50mn retraçant les 40 ans de Zinzine
21h00 : Duo de rappeuses marseillaises (dont Molar)
Interlude Batucada
22h15 : Valientes Gracias (Cumbia féministe)
Interlude Batucada
00h00 : Bien sûre (Electro kurde)
La nuit continuera aux rythmes de DJs
Pendant les deux jours, parking, restauration et bar, sur place.
C’est fini, la semaine sanglante s’achève le 28 mai 1871 par la victoire totale des versaillais. Paris, un temps le lieu de la révolution, est reprise par la réaction. La ville est traumatisée, les morts se comptent par milliers, les survivants ont peur au milieu des ruines, des restes de barricades, des bâtiments incendiés. Chacune, chacun, recherche ses proches, pense à se cacher, se replie sur soi en essayant de disparaitre. Comme le clament Thiers et son entourage « on est tranquille pour vingt ans », une génération disloquée encore une fois. Thiers se trompe, cette fois l’ordre a frappé fort, et la troisième République sait y faire, il faut attendre 1936 et le Front populaire pour que l’idée de révolte fasse de nouveau surface. C’est l’histoire de la troisième République, elle fait ses preuves par le massacre de la Commune de Paris en 1871, elle disparait en 1940 dans la collaboration avec le nazisme.
Après la victoire de mai 1871, les versaillais se vengent, ils ont eu peur. Les morts de la semaine sanglante ne suffisent pas. Alors on juge et l’on fusille. Celles et ceux qui échappent à la peine de mort sont condamnés au bagne, Nouvelle Calédonie, Guyane, ou à la prison. Louise Michel est déportée en Kanaky, Blanqui pourtant déjà enfermé prend une peine supplémentaire pour ce qu’il aurait pu faire. Beaucoup fuient vers la Suisse, la Belgique, l’Angleterre.
Les affaires reprennent, l’Empire français, un instant déstabilisé par la populace révoltée, a retrouvé toute sa superbe. Le colonialisme reprend de plus belle avec son corolaire le racisme. Des peuples sont asservis en Asie, en Afrique, en Amérique et dans le Pacifique pour la grandeur de la France. Dans les écoles de Jules Ferry on apprend aux enfants que leur pays civilise le monde, on leur apprend l’obéissance et la discipline. Comme Versailles a eu très peur de toutes ces femmes révoltées qui réclamaient le droit d’être, l’école de Ferry, très patriarcale, va apprendre aux petites filles à être dociles, à retourner s’occuper du foyer et surtout faire beaucoup d’enfants qui seront les soldats des prochaines guerres. Aux enfants colonisés on apprend que leurs ancêtres étaient de fiers gaulois, et s’ils n’ont pas la chance d’être blancs et riches, cela n’est pas grave ils peuvent quand même servir leur lointaine patrie, trimer pour elle, être humilié pour elle, et peut-être un jour se battre et mourir pour elle. La troisième République est abjecte ! Le nationalisme, le populisme, l’antisémitisme, le racisme, la xénophobie, la misogynie vont prospérer sous cette République de tueurs et de faux-culs, d’affairistes et d’assassins.
L’armée de ce pays n’obtient ses victoires que contre des civils, on l’utilise pour faire taire les révoltés à la maison, en 1848 pour mater une révolution qui se voulait sociale, en 1851 pour soutenir le putsch bonapartiste, en 1871 pour éteindre la Commune. Entre temps l’armée massacre dans l’empire, aux quatre coins du monde elle civilise en tuant, réprimant, massacrant. L’armée partage avec l’école de Jules Ferry un grand projet, prendre une revanche contre l’Allemagne, vainqueur en 1870, et récupérer l’Alsace Lorraine. Dés le plus jeune âge on prépare les enfants à cette échéance glorieuse, puis on les militarise, on en fait des « hommes », des brutes, des imbéciles armés. Forcément dans ces moments les idées les plus glauques ressortent méchamment, comme l’antisémitisme par exemple. Et l’armée puante se vautre dans l’affaire Dreyfus entrainant avec elle la moitié de la population dans cette abomination. Personne n’y échappe, une partie de la gauche s’y fourvoie, un trop grand nombre d’anciens communards s’y perdent pour toujours. Pareil avec les idées coloniales et le racisme, le nationalisme et la xénophobie, à croire que cette troisième République a réussi la prouesse de corrompre une partie de ses victimes, en les entrainant dans ses crimes…
Puis c’est l’heure de la grande revanche, de la grande boucherie de 14-18. Les imbéciles endoctrinés partent au front par centaines de milliers « la fleur au fusil ». L’Europe entière bascule dans la folie meurtrière et patriotique et peu s’y opposent. Jaurès est assassiné Rosa Luxemburg enfermée dès le début du conflit, le reste de la gauche veut jouer à la guerre avec tout le monde. Les révoltés, les insoumis, les déserteurs de chaque camp seront fusillés. Les généraux assoiffés de sang ne comptent pas la main d’œuvre, les morts se comptent par millions, beaucoup viennent de l’Empire, d’Afrique principalement. Les femmes d’un coup sont invitées à sortir du foyer, direction les usines d’armement par exemple, faut soutenir l’effort de guerre. Mais la troisième République est ingrate, une fois la victoire obtenue, l’Alsace et la Lorraine récupérées, les femmes sont renvoyées chez elles, et toujours pas de droit de vote. Pour cela il faudra encore attendre 1944 et le Conseil national de la résistance.
La victoire permet d’accroitre encore les empires coloniaux anglais et français, les deux se partagent les restes de l’empire ottoman. Irak, Syrie, Liban, Palestine, Jordanie… deviennent des protectorats. On peut mesurer aujourd’hui l’immense succès de ces décisions. L’euphorie coloniale est de courte durée, l’Europe est gangrenée par le fascisme et le nazisme. La troisième République incapable de soutenir la révolution espagnole et les brigades internationales laisse la victoire aux franquistes, signe précurseur de sa futur déroute. Les héritiers de Versailles sont laminés par les hordes nazies en 1940, la République se donne au Maréchal Pétain et sombre dans la collaboration. Les flics de la troisième République, les chauffeurs de bus, les concierges exécutent la rafle du Vel d’hiv, plus de 13 000 juifs de France sont arrêtés et seront déportés dans les camps d’extermination. Tout l’appareil d’Etat de la troisième République, magistrats, préfets, policiers, gendarmes, à de très rares exceptions, se lance dans la traque des juifs, des tziganes et des résistants. Ils sont enfin battus, mais seront bientôt appelés à poursuivre leurs funestes tâches, avec ce que l’on a reconstitué d’armée. Dés le 8 mai 1945, les massacres coloniaux reprennent. La décolonisation n’est toujours pas achevée, les fachos, les racistes et compagnie menacent encore, 150 après l’écrasement de la Commune les versaillais sont toujours au pouvoir !
Pardon pour les oublis, les approximations et les enchainements trop rapides, mais le cœur y est. « La Commune est en lutte et demain nous vaincrons… »
Bertrand B.
Louise Michel est née le 29 mai 1830 en Haute Marne. En 1855 elle s’installe à Paris où elle espère pouvoir enfin combattre l’empire. Elle ne tarde pas à se lier d’amitié avec Eugène Varlin et plusieurs blanquistes, Raoul Rigault, Emile Eudes et Théophile Ferré. Républicaine, féministe et blanquiste, telle était l’institutrice Louise Michel à la veille de la Commune. Le 18 mars au petit matin, alors que les troupes de Thiers espéraient prendre possession des canons montés sur la butte par les parisiens, Louise Michel fut au premier rang, armée d’une carabine et décidée à se battre : « Nous pensions mourir pour la liberté. On était comme soulevés de terre ». A mesure que l’avancée de l’armée versaillaise mettait en péril la Commune, l’énergie de Louise Michel fut décuplée. Elle entendait aussi être soldat et une combattante au sein du 61ème bataillon de marche de Montmartre. En costume de garde national, armée d’une Remington, elle allait là où l’on se battait. Commentaire du journal officiel du 10 avril 1871 :« une femme énergique du 61ème a tué plusieurs gendarmes et gardiens de la paix ». Le Cri du peuple du 14 avril : « la citoyenne Louise Michel qui a combattu si vaillamment aux Moulineaux, a été blessée ». Louise Michel échappa à la mort, mais sa mère ayant été arrêtée au début de la semaine sanglante, elle se livra aux versaillais le 24 mai en échange de sa libération. Son procès s’ouvrit le 16 décembre 1871, pour sa défense elle choisit de faire une oraison à la révolution. Elle a été condamnée à la déportation à perpétuité, et arrive en Nouvelle Calédonie en 1873. Là-bas elle défendra la cause des kanaks, dénonçant le colonialisme français. Amnistiée, elle fait un retour triomphale à Paris en novembre 1880. Militante infatigable, elle est encore condamnée à plusieurs reprises pour ses actions, elle fit des centaines de conférences à travers toute la France pour défendre l’histoire de la Commune et vanter la cause anarchiste. Elle meurt à Marseille le 9 janvier 1905, ses obsèques à Paris réuniront 120 000 personnes jusqu’au cimetière de Levallois.
Auguste Blanqui est né à Puget-Théniers le 8 février 1805. Il a passé plus de la moitié de sa vie, 43 années, en prison, en résidence surveillée ou en exil. Condamné à mort après l’insurrection de mai 1839 il vit sa peine commué en prison à perpétuité. Libéré par la révolution de février 1848, il fut renvoyé en prison pour dix ans en mai de cette même année. Amnistié en 1859, il est de nouveau incarcéré en 1861. Il s’évade de la prison de Ste Pélagie avec la complicité de jeunes militants « blanquistes » et s’exile en Belgique. Il met sur pied une petite troupe de 2500 révolutionnaires armés. Homme d’action avant tout, il prône une dictature révolutionnaire qui préparerait le communisme par l’éducation du peuple. Il rentre clandestinement à Paris en août 1870. Après la chute de l’Empire, il participe avec son bataillon à l’occupation de l’Hôtel de ville le 31 octobre, pendant le temps ou l’insurrection parait l’emporter, il est désigné pour faire partie du nouveau gouvernement. Avec sa bande il tente de nouveau le coup le 22 janvier 1871. Il quitte Paris le 12 février pour aller se reposer chez sa nièce dans le Lot. Il est arrêté le 17 mars et ne verra jamais la Commune. Il est néanmoins élu par deux arrondissements les 18ème et 20ème. Les « blanquistes » de la Commune tente de l’échanger contre l’archevêque de Paris, Monseigneur Darboy, qu’ils ont arrêté, mais Thiers s’y oppose. « Rendre Blanqui à l’insurrection serait lui envoyer une force égale à un corps d’armée ». Après la chute de la Commune, Blanqui fut condamné à huit années de plus, pour le rôle qu’il aurait pu y jouer !! Gracié et libéré en 1879, il passe les dernières années de sa vit, comme Louise Michel et parfois avec elle, à exposer ses idées et défendre la révolution. Il lance un nouveau journal Ni Dieu ni Maître. Vaincu par la fatigue, il meurt le 1er janvier 1881. 100 000 personnes l’accompagnent au cimetière du Père-Lachaise, là où furent fusillés les derniers communards de la semaine sanglante. Sur le petit monument dédié à Auguste Blanqui à Puget-Théniers, on peut lire ces vers :« Contre une classe sans entrailles, luttant pour le peuple sans pain, il eut vivant quatre murailles, mort quatre planches de sapin ! ».
La Commune n’est pas morte ! Utopie, résistance, ni Dieu ni Maître !
Victoire Tinayre est née le 6 mars 1831 à Issoire (Puy-de-Dôme). En 1867 elle fonda la Société des Equitables de Paris, coopérative de consommation, et la fit adhérer à l’ Internationale. Elle fut aussi romancière sous le nom de Jules Paty. Elle était liée avec Varlin, Frankel, les frères Reclus, Eugène Pottier…Durant la Commune elle fut nommée inspectrice générale des livres et des méthodes d’enseignement dans les écoles de filles. Pendant la semaine sanglante, elle passa deux jours et deux nuits à l’ambulance de la rue de la Lune avec son mari, allant chercher les blessés jusque sur les barricades. Dénoncée par sa concierge, elle fut arrêtée le 26 mai par les versaillais et enfermée au Chatelet. Son mari, favorable à Versailles, et qui l’avait suivie pour la défendre, fut arrêté à son tour et fusillé aussitôt !! Relâchée, Victoire Tinayre réussit à gagner Genève. En janvier 1874 elle est condamnée par contumace à la déportation. En Suisse elle poursuit son action révolutionnaire, elle travaille à la Marmite sociale ouverte en 1872. De retour en France en 1880 elle adhère à l’Union des femmes. Proche de Louise Michel, elle écrit avec elle deux romans, La Misère et Les Méprisés sous le pseudonyme de Jean Guêtré. Elle meurt à 67 ans en 1895.
Théophile Ferré est né le 6 mai 1846 à Paris. Militant blanquiste, il subit quatre condamnations pour délits politiques et de la prison, avant la Commune. Dés le 18 mars il aurait voulu que l’on marche sur Versailles. Il dissuada Louise Michel, dont il était très proche, de s’y rendre pour assassiner Thiers. Elu membre de la Commune le 26 mars, il fut nommé avec Raoul Rigault membre de la commission de Sûreté générale puis substitut du procureur de la Commune. Après l’entrée des versaillais dans Paris il se battit jusqu’au bout, le 28 juin, ultime jour il était encore sur les barricades avec Varlin. Il est arrêté le 9 juillet et comparaît en août-septembre devant le troisième conseil de guerre. « Membre de la Commune de Paris, je suis entre les mains de ses vainqueurs, ils veulent ma tête qu’ils la prennent !… La fortune est capricieuse, je confie à l’avenir le soin de ma mémoire et de ma vengeance. » Louise Michel, qui aimait passionnément Ferré, déploya les plus grands efforts pour le sauver, alors qu’elle était elle même en prison, mais en vain. Théophile Ferré est fusillé le 28 novembre 1871 en même temps que Rossel, il avait 25 ans.
Victorine Brocher est née à Paris en 1839. Elle et son mari rentrent à Paris en février 1871. Elle participe aux sorties sur Versailles des 7 et 27 avril, elle est citée en exemple par le journal officiel : « Victorine des Turcos de la Commune, félicitée par ses camarades pour le courage qu’elle a montré en suivant le bataillon au feu et l’humanité qu’elle a eue pour les blessés dans les journées des 29 et 30 avril ». Le 3 mai elle préside une réunion du club de la Révolution sociale. Puis elle repart au feu avec son bataillon à Passy. Pendant la semaine sanglante elle se bat de quartiers en quartiers. Le 25 mai elle est condamnée à mort par contumace par la cour martiale, pour l’incendie de la cour des comptes, elle se cache alors à Belleville. Elle fut déclarée morte, mais craignant d’être arrêtée, elle fuit en Suisse en octobre 1872. Là-bas elle adhère à la Fédération jurassienne qui prône une forme d’anarchisme communiste. Puis elle vit entre Londres, Paris et Lausanne, elle fut cofondatrice et institutrice de l’école internationale dirigée à Londres par Louise Michel. Victorine Brocher meurt à Lausanne en 1921.
Raoul Rigault est né le 16 septembre 1846 à Paris. Dés 1865, étudiant, il s’investit pleinement dans l’agitation révolutionnaire et se posa en représentant du quartier des écoles auprès des ouvriers. Très populaire au quartier Latin, il organise la participation des étudiants parisiens au Congrès international des étudiants. Très proche des « blanquistes », il est condamné à dix reprises pour motif politique entre 1867 et 1869. Le 18 mars 1871 on le voit à la mairie du 18ème, le 20 il est nommé à la Préfecture de police par le Comité central, il fait libérer tous les prisonniers politiques. Le 26 il est élu à la Commune par le 8ème arrondissement et siège à la commission de Sûreté générale. Le 4 avril il fit arrêté l’archevêque Darboy et 200 prêtres, puis des gendarmes, fonctionnaires, magistrats et inspecteurs à la solde de Versailles. Par contre il fait libérer Victor Schoelcher et le peintre Renoir. Le 26 avril il est remplacé par son ami Ferré et devient procureur de la Commune. Toujours très radical, il dit néanmoins : « J’aimerais mieux laisser échapper dix coupables que de frapper un seul innocent ». Le 23 mai alors que les versaillais sont dans Paris, il fait exécuter huit otages dont l’archevêque. Le 24 mai il est arrêté dans un hôtel de la rue Gay Lussac, 5ème, où il se reposait. Il porte son uniforme de commandant de la garde nationale. Il crie « Vive la Commune ! » et est abattu d’un coup de révolver, il avait 25 ans. Le corps de Raoul Rigault resta exposé durant deux jours sur le lieu de son exécution, dessiné par le célèbre Pilotell. Il faisait tellement peur aux versaillais que le conseil de guerre le condamna une nouvelle fois à mort par contumace le 29 juin 1872 pour assassinat, il est accusé aussi d’avoir déclenché des incendies au Palais de justice et à la Préfecture de police.
Radio Zinzine a 40 ans
Dans cette période pour le moins particulière, et dans le cadre des 40 ans de Radio Zinzine et de la légalisation des radios libre, la Zinzine vous invite à partager un moment sur la colline autour et dans les studios pour se rencontrer, échanger sur la radio son passé, son présent, son futur.
Programme :
11h-13h : Table ronde en direct depuis le studio sur l’histoire, le présent et le futur des radios libres.
13h-15h30 : repas partagé, barbecue à disposition. Visite du studio, échanges informels avec l’équipe de la Zinzine ou sieste pour celleux qui le souhaite.
16h-18h : Rencontre/débat : La pandémie a été une expérience inédite pour tout.e un.e chacun.e. La radio a servi de lien entre les gens pendant le premier confinement. Mais elle a aussi été lieu d’échanges, de discussions, de controverses. Nous voulons mettre en débat le rôle de la radio dans un moment de crise comme celui que nous avons vécu. Qu’est-ce qui a bien marché ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Comment aurait-on pu faire autrement ?
En espérant vous voir, l’équipe de la Zinzine
Journée portes ouvertes à radio Zinzine samedi 22 mai 2021 à partir de 10H30
Louise Modestin a été photographiée à la prison des Chantiers à Versailles en 1871, sur le cliché il y a son nom et cette inscription : Barricadière a fait le coup de fusil. C’est tout ce que l’on sait d’elle. Une autre Louise, anonyme et ambulancière, a été vue à la fin de la semaine sanglante sur la barricade de la rue Saint Maur, Varlin, Ferré, Jean-Baptiste Clément y tiraient les derniers coups de feu. En hommage à son courage Clément a jouté un couplet à sa chanson le temps des cerises et le lui a dédié. « Le dimanche, 28 mai 1871 […]. Entre onze heures et midi, nous vîmes venir à nous une jeune fille de vingt à vingt-deux ans qui tenait un panier à la main. […] Malgré notre refus motivé de la garder avec nous, elle insista et ne voulut pas nous quitter. Du reste, cinq minutes plus tard, elle nous était utile. Deux de nos camarades tombaient, frappés, l’un, d’une balle dans l’épaule, l’autre au milieu du front… Nous sûmes seulement qu’elle s’appelait Louise et qu’elle était ouvrière. Naturellement, elle devait être avec les révoltés et les las-de-vivre. Qu’est-elle devenue ? A-t-elle été, avec tant d’autres, fusillée par les Versaillais ? N’était-ce pas à cette héroïne obscure que je devais dédier la chanson la plus populaire de toutes celles que contient ce volume. »
Emile Duval est né en 1840 à Paris. Il devint fondeur en fer et milita activement pour la journée de dix heures. En 1867 il entra en contact avec les Blanquistes et intégra l’organisation mise en place par le Vieux qu’il rencontra plusieurs fois. En septembre 1870 il rejoint la Garde nationale. En février il préside un comité révolutionnaire de vigilance dans le XIIIème arrondissement. Le 18 mars il reçut l’ordre de s’emparer de la préfecture. Le 19 mars il désigné comme délégué à la préfecture de police avec Raoult Rigault. Le 26 mars 1871 il est élu à la Commune par le XIIIème. Le 3 avril il participe en tant qu’officier à la sortie sur Versailles. Duval se retrouva bloqué sur le plateau de Chatillon et fut contraint de se rendre le 4 au matin. Il a été fusillé sur ordre du général Vinoy, qui dirige l’armée versaillaise contre la Commune, avec Emile Lecoeur et Joseph-Emile Mauger. Le 7 avril la Commune rebaptisa la place d’Italie place Duval.
Nathalie Le Mel est née à Brest en 1826. Elle milita au coté de Varlin et participa aux grèves des relieurs en 1864 et 1865 et au lancement du restaurant coopératif La Marmite ou chaque soir elle philosophait. Durant la Commune elle fut avec Elisabeth Dmitrieff une des animatrices de l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés. Lors de l’entrée dans Paris des versaillais, Nathalie Le Mel se distingua aux Batignolles d’abord, place Pigalle ensuite, soignant les blessés et exhortant les fédérés à la résistance, mais sans faire le coup de feu. Elle fut arrêtée le 21 juin. Le 10 septembre 1872 elle est condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée. Le 10 août 73 malgré un état de santé déplorable elle est embarquée avec Louise Michel vers la Nouvelle Calédonie. Elle rentre amnistiée en 1879 et milite à la revue socialiste. Devenue aveugle, elle entre à l’hospice d’Ivry en 1915 et y meurt en 1921. Aujourd’hui une petite place du IIIème arrondissement porte son nom.
Eugène Varlin est né en 1839 en Seine et Marne. A l’âge de 13 ans il part à Paris comme apprenti relieur. Il adhère à l’Internationale en 1865 et anime les grèves de sa profession. Il fonda avec d’autres la coopérative de consommation la Ménagère et le restaurant coopératif la marmite. Un des principaux représentants de l’Internationale en France il participe au 4ème congrès de l’organisation à Bâle en 1869. Mais recherché il doit s’exiler en Belgique. Il fut élu à la Commune par trois arrondissements et choisit de représenter le VIème. Il siège à la commission des finances, aux subsistance et à l’intendance. Tous les jours de la semaine sanglante il se bat sur les barricades de la rue de Rennes puis du Panthéon jusqu’au 28 juin, il réussit à échapper à l’encerclement mais est dénoncé par un prêtre qui l’a reconnu. Il est exécuté sans jugement et tombe en criant Vive la Commune. Faisant mine d’ignorer cette exécution sommaire, le conseil de guerre le condamne à mort le 30 novembre 1872. Une rue du Xème porte son nom.
La Commune de Paris s’est déroulée il y a cent cinquante ans en mars, avril et mai 1871. « Dans un même élan les parisiens dissolvent l’Etat et le capital » dit l’historienne américaine Kristin Ross. Les parisiennes et les parisiens s’autoreprésentent, inventent la démocratie directe, se réapproprient les moyens de production, chamboulent les règles du commerce et de la propriété. Créent l’école laïque gratuite et obligatoire, séparent l’église de l’Etat, inventent la liberté d’association et le droit au travail pour les femmes. Le philosophe Henri Lefebvre parle de « révolution totale » et pourtant la Commune n’a duré que soixante douze jours avant d’être massacrée par les Versaillais. Mais Karl Marx écrit que l’importance de la Commune de Paris ne tient pas à ses idées mais à sa simple existence en acte.
La Commune reste présente dans l’histoire parce qu’elle a imaginé la République universelle, parce qu’elle a réfléchit à l’union des peuples, à la place des femmes, à celle de la nature, de la culture et de l’art. Elle a influencé des courants importants depuis, l’anarchisme, l’écosocialisme, le féminisme, le municipalisme libertaire et d’autres encore. Elle suscite un regain d’intérêts dans les luttes ici, mais aussi à travers le monde. Peut-être parce que les versaillais sont toujours au pouvoir… « La Commune est en lutte et demain nous vaincrons » Jean Roger Caussimon.
Utopie, résistance, à la vôtre ! Bertrand
Elisabeth Dmitrieff née en 1851 en Russie, participa en avril 1871 à la fondation de l’Union des femmes pour la défense de Paris. Elle participa aux combats de la semaine sanglante au coté de Louise Michel et de Nathalie Le Mel. Le premier juin 1871 elle réussit à fuir à Genève.
Gustave Flourens est né en 1838 à Paris, très populaire il fut élu à la Commune par les XIX ième et XX ième arrondissements, il siégea à la Commission militaire. Officier de la Garde nationale, il fût exécuté par les versaillais lors de la sortie du 3 avril 1871 contre Versailles. Paule Mink ,
est née en 1839 à Clermont-Ferrand, durant la Commune, elle fit partie du Comité de vigilance des citoyennes de Montmartre avec Louise Michel. Elle se rendit en Province pour faire entendre la voix de la Commune, elle s’y trouvait lors de la défaite et réussit à passer en Suisse. Maxime Lisbonne ,
est né en 1839 à Paris. Le 18 mars il fit partie de la colonne qui s’empara de l’Hôtel de ville, le 3 avril participa à la sortie sur Versailles. Pendant la semaine sanglante il fait sauter la poudrière du Luxembourg pour protéger la retraite des fédérés. Il est blessé le 25 mai puis deux fois condamné à mort, en décembre 1871 puis en juin 1872, il est finalement envoyé au bagne en Nouvelle Calédonie. Amnistié en 1881 il reprend sa vie au théâtre et met en scène notamment une pièce de Louise Michel.
2021 l’année du cent cinquantième anniversaire de la Commune. Sur la photo la statue de Napoléon jetée à bas avec la colonne Vendôme, en uniforme de la garde nationale, Arthur Rimbaud.
Bonne année, utopie et révolution, Bertrand
De Jean-Louis Laville et Michèle Riot-Sarcey aux éditions de l’Atelier
« Bien sûr, les soulèvements actuels sont tous différents: chaque conflit est inscrit dans une histoire propre, une culture spécifique. Mais si aujourd’hui, simultanément ou presque, dans plusieurs parties du globe, les mouvements se répondent autour du thème de la liberté,si les frontières religieuses et ethniques disparaissent sous la pression des voix populaires à l’unisson qui réclament plus de justice sociale et la démission des pouvoirs corrompus au Soudan, au Liban, en Irak ou en Algérie, c’est qu’il y a vraiment quelque chose de pourri dans le royaume du néolibéralisme mondialisé. Et si au Chili la population se réveille d’un long silence imposé par la violence d’Etat, et qu’en France, une catégorie sociale non identifiée, composée d’hommes et de femmes, retrouve sa dignité sur les ronds-points et maintient sa rébellion malgré tous les diagnostics, c’est que la démocratie proclamée n’est tout simplement pas vraie. »