A lire, à voir…
Révolution
De Ludivine Bantigny, éditions anamosa, collection Le mot est faible.
chaque fois, il s’agit de s’emparer d’un mot dévoyé par la langue au pouvoir, de l’arracher à l’idéologie qu’il sert et à la soumission qu’il commande pour le rendre à ce qu’il veut dire. Cette fois il s’agit du mot Révolution. Ludivine Bantigny est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Rouen. Son dernier ouvrage est L’œuvre du temps aux éditions de la Sorbonne, 2019.
Révolution est un petit livre qui fait plaisir et va certainement réchauffer le cœur de celles et ceux qui aiment encore le mot révolution. Un livre à prêter, à offrir, à faire connaître, un livre qui réhabilite ce mot que l’actuel Président de la République avait volé et pervertit, en en faisant le titre d’un livre programme durant sa campagne électorale. Un programme qu’il nous assène aujourd’hui à grands coups de matraque et de grenades…
Extraits : L’évènement révolutionnaire bouleverse le rapport à l’histoire, au passé comme au futur. Car ce qui arrive survient parfois en contradiction frontale avec ce que l’on attendait. Une telle collision conduit à revisiter le passé et offre de concevoir l’avenir à nouveaux frais. Avec la révolution, le temps est « hors de ses gonds » ; il s’emplit de créativité et de futurs à imaginer.
Rosa Luxemburg reconnaît à son tour : « Nous sommes campés sur ces défaites et nous ne pouvons renoncer à une seule d’entre elles, car de chacune nous tirons une portion de notre force, une partie de notre lucidité ». Et même lorsque, in fine, en ce mois de janvier 1919, « l’ordre règne à Berlin », face au pouvoir « socialiste » qui la trahira, à la soldatesque qui l’assassinera, Rosa Luxemburg fait dire à la révolution, comme un défi à l’éternité : « j’étais, je suis, je serai ».
Victor Leduc retrace aussi dans l’histoire de son engagement toute une économie morale liée aux injustices sociales – dignité, révolte contre l’inégalité, ressentiment contre les dominants : « On ne peut être riche innocemment. Sans avoir lu Marx, j’ai puisé cette conviction dans le folklore familial. Ceux qui ont souffert de l’injustice, les spoliés, les humiliés, les opprimés ont droit à la réparation sinon à la vengeance. Se résigner à l’inégalité, à accepter sans réagir le règne des possédants, la tyrannie des puissants, est la pire des lâchetés ».
A propos de la Commune de Paris en 1871 : Pour la première fois, de simples ouvriers s’emparent du pouvoir. Pour la première fois, c’est un gouvernement du peuple pour le peuple. Les mesures prises sont à l’avenant : remise des loyers, suppression du travail de nuit chez les compagnons boulanger, interdiction des retenues sur salaires dans les administrations et les ateliers, moratoire au mont-de-piété, création de Bourses du travail, suppression de l’armée permanente, élections et révocabilité de tous les responsables et élus, obligation, gratuité et laïcité de l’enseignement, séparation de l’Eglise et de l’Etat, transformation des fabriques abandonnées en coopératives ouvrières… Le 10 avril 1871, la guillotine est incendiée, symbole d’une dissociation entre la révolution et la mort, entre l’espoir et le châtiment. Mais au delà, Marx et l’Internationale jugent que la plus importante réalisation de la Commune, c’est d’avoir existé : c’est d’avoir prouvé sa possibilité. Même si la répression a été féroce, comme la disqualification obsédante et acharnée.
Le rôle des femmes dans la révolution Syrienne
19 femmes de Samar Yazbek, aux éditions Stock
Ce livre est le résultat des entretiens réalisés par l’auteure avec 19 femmes syriennes, dans leurs pays d’asile ou à l’intérieur du territoire syrien. Dix neuf femmes qui avaient entre 21 et 77 ans, qui viennent chacune d’un lieu différent de Syrie, de confessions différentes ou sans confession, qui ont eu des engagements politiques, ou pas pour la plupart, avant la révolution. Qui toutes racontent ce qu’elles ont vécu et subit, leur révolution, leur guerre, leur calvaire, qui toutes racontent leur désespoir aujourd’hui. Ce livre est important parce qu’il montre l’immense place qu’ont prise les femmes dans la révolution syrienne. Comme d’habitude cela sera nié ou occulté par ceux qui raconteront l’histoire. Et pourtant, que leur engagement fût grand, généreux, sans calcul, sans arrières pensées… L’espoir qui malgré tout persiste aujourd’hui provient du souvenir de cet engagement. Un livre pour l’Histoire.
« Malgré tout, la révolution a fait de moi une personne nouvelle, elle m’a donné une âme, une expérience, une force. Elle m’a permis de sortir des carcans imposés par notre société. Nous ne sommes pas coupables de la guerre qui a éclaté ensuite. La responsabilité en incombe au régime d’Assad, à ses alliés, aux interventions régionales et internationales. » Sara, 21 ans au début de la révolution.
Burning Country
Au cœur de la Révolution syrienne, par Leila Al-Shami et Robin Yassin-Kassab aux éditions de L’Echappée, traduction collective de l’anglais.
Leila Al-Shami est une blogueuse et activiste anglo-syrienne, Robin Yassin-Kassab est un journaliste et écrivain né à Londres. Après un chapitre consacré à l’histoire de la Syrie, empire ottoman, colonialisme français, l’indépendance, le nationalisme arabe puis le régime des Assad père et fils, les deux auteurs nous plongent dans la Révolution syrienne. Le Printemps arabe en 2011, les prémices du mouvement en Syrie. Les auteurs donnent la parole à celles et ceux qui ont lancé puis construit cette Révolution au jour le jour. Des premières manifestations de rue, l’organisation des comités locaux à travers tout le pays, jusqu’à la terrible, monstrueuse répression qui va s’abattre sur le peuple syrien orchestrée par le dictateur Bachar El Assad. Comment il va utiliser les antagonismes religieux et communautaires, comment sans aucune limite il va pratiquer l’enfermement, la torture, le viol et les exécutions sommaires, les disparitions… Les bombardements quotidiens, parfois chimiques sans aucune réaction de l’occident qui abandonne la Syrie et les syriens. Ce livre raconte aussi l’exode de millions de syriens et de syriennes pris en étau entre les tueurs du régime et les tueurs de Daech. Le peu d’espoir qu’il reste se trouve dans les solidarités qui fonctionnent dans les camps de réfugiés au Liban ou en Turquie, ce livre est dur comme cette histoire qui se prolonge et n’en finit pas, pourtant, la volonté, la créativité, l’imagination de tous ces révolutionnaires est exemplaire. La férocité du régime et de ses complices russes et iraniens a eu raison de cette intelligence collective. Un livre à lire pour ne pas oublier.
Les Enténébrés
Un roman de Sarah Chiche aux éditions du Seuil
Ce roman commence en 2010 par la vague de chaleur exceptionnelle qui s’est abattue sur la Russie, ruinant la récolte de blé. Le prix du blé s’envole provoquant des famines un peu partout dans le monde. Ces famines provoquent alors le Printemps arabe et son lot de révoltes. Le peuple syrien se fait massacrer par son dictateur. En 2015, les syriens par centaine de milliers fuient vers l’Europe.Sarah, psychologue française comme l’auteure de ce livre, est à Vienne en Autriche pour écrire un article sur les conditions d’accueil des réfugiés… Elle rencontre Richard, un musicien célèbre, pour les deux démarre un amour fou, mais Sarah aime toujours son mari. Deux histoires d’amour intenses, éprouvantes, qui vont la mener très loin et faire resurgir le passé des femmes de sa famille. La mère de Sarah, sa grand-mère, son arrière grand-mère, toutes internées, minées par le même mal.
L’histoire familiale se mêle à l’histoire générale et nous allons de la fin du dix neuvième siècle à la catastrophe climatique de ce début de millénaire, en passant par la seconde guerre mondiale et les indépendances en Afrique. Un livre passionnant, qui provoque une multitude de questions, et ne laisse pas indifférent, ni tranquille. Troublant aussi, roman ou biographie On ne sait plus lorsque l’un des personnages répond méchamment à Sarah, n’oublie pas de mettre cette scène dans ton prochain roman…
Un nouveau livre de Leonardo Padura
« La transparence du temps » aux éditions Métailié
Un nouveau livre du cubain Leonardo Padura, c’est toujours un grand plaisir, cela ce vérifie une nouvelle fois avec celui-ci. La Havane en 2014. Mario Conde, l’ancien flic qui approche la soixantaine, a un méchant coup de blues. Il vieillit et n’aime pas ça, trop de ses proches partent ou veulent partir pour voir ailleurs si c’est mieux. Sa ville et son ile sont en pleine décrépitude, comment vivre avec une retraite ou un salaire de misère… C’est un ancien ami de lycée, Bobby, qui va réveiller l’instinct de détective de Conde, un ex-amant lui a volé une mystérieuse statue de la Vierge noire. L’enquête beaucoup plus compliquée que prévu, s’oriente vers les marchands d’art de La Havane, un milieu qui a su profiter de l’ouverture économique de Cuba, ici pas de pauvreté, mais des dollars américains à la pelle. Il y a des morts, et la police, la vraie, s’en mêle. Comme toujours dans ses livres, Leonardo Padura nous entraine pour un grand voyage à travers l’histoire. Cette statue de la Vierge noire est plus que mystérieuse, elle est très très ancienne et a de redoutables pouvoirs. Nous la suivons du treizième siècle durant les croisades, jusqu’au vingt unième siècle à Cuba, en passant, entre autre, par la guerre d’Espagne en 1936. Un tourbillon d’histoire, un grand roman plein d’humour noir et de mélancolie, mais aussi de grandes bouffes entre amis où le rhum coule à flot…
Dévotion
de Patti Smith, éditions Gallimard
Ce très beau livre est partagé en trois parties. Au milieu « Dévotion », une nouvelle qui donne son titre à l’ouvrage. De part et d’autre, Patti Smith nous raconte le cheminement qui la mène à l’écriture de cette nouvelle. Pourquoi l’écriture devient indispensable, pourquoi l’écriture devient naturelle. Elle part de Sète et arrive à Paris, là surgissent des souvenirs de jeunesse et une statue de Voltaire. A Londres elle cherche et trouve la tombe de Simone Weil qu’elle fleurit de lavande. Puis elle retourne dans le sud de la France, à Lourmarin. La maison d’Albert Camus, le manuscrit de son dernier livre inachevé, « Le premier homme »… Maintenant peut commencer la rédaction, doit commencer la rédaction de « Dévotion », une nouvelle glacée…
Power de Michaël Mention
Aux éditions Stéphane Marsan
Power est le dixième roman de Michaël Mention, c’est une grande réussite. Il nous raconte pas moins que l’histoire des Black Panthers aux États-Unis à partir de 1965. C’est un roman, mais historiquement très juste. 1965, les Etats-Unis sont embourbés dans la guerre du Vietnam. Les soldats noirs y meurent plus que les autres, et pourtant, les Vietnamiens ne sont pas leurs ennemis. Leurs ennemis sont blancs et vivent dans le même pays qu’eux. Les flics blancs tuent chaque jour plus de noirs, et les noirs sont déjà les plus nombreux en prison. Après l’assassinat de Malcom X, la communauté noire se déchire entre la haine et la non-violence jusqu’à l’apparition du Black Panthers Party. L’organisation défie l’Amérique raciste, elle s’arme et organise ses militants. Très vite les flics nauséabonds du fascisant Hoover reprennent la main. Le gouvernement déclare la guerre aux Black Panthers, une guerre impitoyable, drogue, infiltrations, procès truqués, assassinats, une violence extrême jusqu’au bout… L’Amérique blanche a eu peur, elle se venge, elle tue, elle enferme, elle humilie. Extrait de l’introduction du livre : « Ca a foiré à cause de nous. Pas à cause du FBI, de la came, des gangs. Ils nous ont pourri la vie mais, le vrai problème, c’était nous. Trop pressés. Des siècles qu’on avait rien, alors on voulait tout et on a foncé. On était sur tous les fronts, tellement impliqués qu’on a rien vu venir. L’envie, c’est ce qui nous a tués. »
Un livre à lire, vraiment ! Bertrand
Le royaume du crépuscule de Steven Uhly, aux Presses de la Cité
Un très beau et très grand livre, une fresque monumentale qui se déroule sur quarante années en Allemagne, Pologne et Israël, mais aussi à New York et en France, de 1944 à 1987. Les personnages sont des juifs rescapés des camps de la mort, d’autres venus d’Israël pour aider les rescapés à rejoindre ce pays contre les anglais qui s’opposent à cette migration et la combattent. Des réfugiés allemands qui courent vers l’ouest apeurés par l’arrivée de l’armée rouge, des nazis qui commettent leurs derniers crimes et s’apprêtent à combattre les russes ou à fuir, protégés ensuite par une organisation secrète qui les aide à se cacher et à reprendre pied dans la nouvelle Allemagne. Nous croisons tous ces personnages, leurs enfants et petits-enfants, au gré des années qui ne se suivent pas forcément dans ce très beau texte. On découvre comment les rescapés seront mal traités par les vainqueurs, comment les pogroms se poursuivent après guerre, en Pologne notamment. Pour certains la guerre continue en Israël, au tour des populations arabes de Palestine de devoir fuir leurs maisons et de se réfugier là où ils peuvent. Enfin il y a le temps. Les enfants de la guerre devenus grands tentent de recomposer le puzzle. Il arrive que les enfants des victimes croisent les enfants des bourreaux et, parfois, l’espoir renait, la barbarie n’est pas inéluctable. Il est écrit sur la couverture de ce livre que l’auteur aux cultures multiples sait bien que l’identité n’est qu’affaire de mélange, et que c’est à posteriori que l’Histoire s’écrit. Avant, vivent les hommes héroïques et faillibles.
L’auteur Steven Uhly, est né à Cologne d’une mère allemande et d’un père bengali. Il est romancier et traducteur, il vit à Munich.
Howard Zinn
« Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs » Howard Zinn
L’année prochaine à New York
Dylan avant Dylan, par Antoine Billot aux éditions Arléa
Antoine Billot est universitaire et écrivain, il est l’auteur de plusieurs livres aux éditions Gallimard. L’Année prochaine à New York est son neuvième livre, un très beau livre. Il retrace l’histoire de plusieurs familles de migrants qui ont fui les pogroms en Ukraine et en Lithuanie en 1905 pour rejoindre l’Amérique. Les Greenstein, Solemovitz et Zimmerman, un arrière grand-père et un grand-père de Robert Allen Zimmerman né en 1941 et qui deviendra Bob Dylan. Leurs histoires se mêlent à l’histoire des Etats-Unis. Ils arrivent comme tous les migrants par New York puis rejoignent les Grands Lacs. Il est question des indiens dans ce livre, de l’esclavage, de la misère, la crise de 29 et la grande dépression, la seconde guerre mondiale ; un des oncles du petit Robert Allen, dans l’armée américaine, participe à la libération du camp de Buchenwald. Il y a aussi le racisme, la ségrégation, les lynchages, le maccarthisme… Mais encore beaucoup de musique, surtout celle du sud, de la poésie, de la littérature, tout ce qui va façonner l’oeuvre de Bob Dylan, tout ce que l’on retrouve dans ses chansons, comme dans celle-ci, Blind Willie McTell : » (…) Je vois leurs vastes plantations brûler – J’entends les fouets claquer – Je sens le doux parfum des magnolias – Et vois les fantômes des vaisseaux chargés d’esclaves – J’entends ces tribus gémir – J’entends les croque-morts bramer – Non, personne ne sait chanter le blues comme Blind Willie McTell. (…) »
Les femmes de la Principal
de Lluis Llach aux éditions Actes Sud
J’ai beaucoup aimé Lluis Llach chanteur, militant catalan et antifranquiste, nous passons toujours ses chansons sur les ondes de Radio Zinzine. J’apprécie aussi le Lluis Llach vigneron dans l’appellation Priorat en Catalogne. Je découvre l’écrivain et c’est bien, très bien même. Les femmes de la Principal est un polar, avec un meurtre et un enquêteur, inspecteur de police, mais pas uniquement un polar. C’est aussi l’histoire de trois femmes, trois générations qui se succèdent à la tête de la Principal, un somptueux domaine planté de vignes. Le livre passe d’une époque à l’autre, 1893 l’arrivée du phylloxéra qui s’abat sur les vignes pour le malheur de la première de ces femmes, Maria, qui a vingt ans et quatre frères qui partent étudier à Barcelone. Elle reste pour gérer ce domaine ruiné. On passe d’une époque à l’autre, d’une Maria à l’autre, le domaine renait toujours dirigé par une femme. Le meurtre a lieu en 1938 pendant l’éphémère République et la guerre civile, l’enquête démarre en 1940, le régime de Franco n’a qu’un an, l’histoire se poursuit jusqu’en 2001, jusqu’au dénouement. un livre passionnant, émouvant à lire.
Je vous conseille grandement ce livre, Bertrand
Révoltée
Un récit de Evguénia Iaroslavskaïa-Markon aux éditions du Seuil
C’est un récit bouleversant que celui d’Evguénia Iaroslavskaïa-Markon. Le récit de sa courte vie, 29 ans, qu’elle rédige en prison quelques mois avant d’être fusillée au goulag des iles Solovki. Elle était l’épouse du poète Alexandre Iaroslavski, fusillé lui aussi quelques semaines avant. Ils sont tous les deux anarchistes, chauds partisans de la révolution de 17, mais déchantent vite surtout après le massacre des anarchistes de Krondtstadt par l’armée rouge. Ils voyagent en Allemagne et en France où ils rencontreront Nestor Makhno. Puis ils rentrent. Il est arrêté le premier, elle fait alors l’expèrience de la rue, des voleurs, de la pègre, des prostituées, les véritables révoltés dit-elle. Elle vit avec eux, elle sera aussi diseuse de bonne aventure avant d’être elle aussi broyée par la machine policière et répressive des Bolcheviks. Un livre poignant, à lire et à méditer à l’occasion du centenaire de la révolution d’octobre…
Utopie, anarchie, résistance, Bertrand
14 juillet
D’Eric Vuillard aux éditions Actes Sud.
« Moi le 14 juillet je reste dans mon lit douillet… » chantait à juste titre Georges Brassens. Le 14 juillet est un jour à éviter, un jour où l’on se cache en attendant qu’il passe. Le jour de la fête nationale, le jour ou des bataillons de tueurs défilent devant un président arrogant, fier de se prendre pour un monarque quelle que soit sa couleur politique. Eric Vuillard nous présente dans son livre un tout autre 14 juillet, le véritable 14 juillet celui de 1789, celui de la prise de la Bastille; les semaines le précédant pour expliquer l’événement. C’est l’histoire de la foule, une foule tumultueuse, d’abord indécise, hésitante, puis sure de sa force et de son bon droit, une foule en mouvement. Une foule d’anonymes mais présents un par un, chacun, chacune jouant son rôle. Une émeute, une révolte, une énorme colère contre la misère, contre la faim, contre le mépris des puissants, aristocrates ou bourgeois, contre leurs privilèges. Le premier jour d’une révolution.
Ce beau livre nous raconte en plus de la révolte, de la foule qui renverse tout sur son passage, même une forteresse, il nous raconte l’arrogance de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie, la folie dépensière de la monarchie, les mille cinq cents personnes chargées de la bouche du roi, la fortune que claquait la reine pour ses bijoux alors que le pays était ruiné. 14 juillet d’Eric Vuillard, c’est à lire !
Utopie, révolution, à la votre, Bertrand
Avec la mort en tenue de bataille, de José Alvrez aux éditions Albin Michel
Une histoire d’amour, de trahison et de sang. C’est un trés beau roman sur une trés sale pèriode, la guerre civile espagnole, le putsch et la prise du pouvoir par Franco, tyran pervers et sanguinaire. Rien n’est tu dans ce livre, les crimes abominables des fascistes nationalistes et de leurs alliés nazis, mais aussi ceux, non moins terribles, des communistes et de leurs alliés soviétiques, mais aussi ceux commis par certains dans les rangs des anarchistes ou des brigades internationnales. L’héroine de ce roman, une grande bourgeoise mère de cinq enfants, n’avait rein pour devenir une militante puis une combattante républicaine. Au sein de sa classe, l’hypocrisie, la petitesse, la méchanceté, la haine des autres vont lui ouvrir les yeux. Catholique, elle découvre la fourberie et la bestialité d’une église catholique liée pour le pire à la dictature. La tragédie espagnole sera la sienne. Une tragédie qui a marqué l’Espagne et dont la plaie n’est aujourd’hui pas complètement cicatrisée…
33 révolutions de Canek Sanchez Guevara aux éditions Métailié
33 révolutions comme les 33 tours d’un disque vinyle. Mais les disques sont rayés, les disques, les cubains d’aujourd’hui, rayés. Un trés beau livre, un livre dur sur la vie à la Havane. L’ennui, et l’ennui, la solitude, zéro perspective, peu d’espoir. Rhum, salsa, tabac et parfois un détour chez la russe du neuvième étage. La révolution semble s’être arrétée il y a longtemps.
Canek Sanchez Guevara est le petit-fils de Ernesto Guevara, le Che, son roman est suivi de deux petits textes autobiographiques et d’un entretien réalisé par le Monde libertaire. Cela permet de mieux situer l’auteur de ce livre. Car si Canek Sanchez Guevara est anti-castriste, il est avant tout anarchiste ce qui le distingue de bon nombre d’opposants cubains. Dommage qu’il soit mort si jeune, en 2015 à 41 ans des suites d’une opération au coeur. Il avait une trés belle écriture et de trés belles idées sur Cuba et le monde. La révolution est morte il y a longtemps à Cuba, mais l’esprit de la révolte, lui, ne peut pas disparaître. C’est à lire, à la votre, Bertrand
Cinq textes pour contribuer à une réflexion sur le progrès, la science, la société industrielle, en replaçant ces concepts dans un contexte historique, au niveau politique social et économique ; L’idée de progrès (Teodor Shanin) ; H. de St Victor, révolutionnaire ou réaliste ? (entretien avec Pierre Thuillier) ; Les Luddites, une tentative de réappropriation(Bertrand Louart) ; Le déclin de la paysannerie anglaise(Simon Fairlie) ; La technologie est une force sociale plus puissante que l’aspiration à la liberté (Theodore Kaczynski).
- lire le texte sur le site
- télécharger la brochure mise en page : Progrès – PDF (353.3 ko)
- version papier diffusée par Boîte A Outils Editions (Forcalquier)
ZOMIA OU L’ART DE NE PAS ÊTRE GOUVERNÉ
Depuis 2000 ans, les communautés d’une vaste région montagneuse d’Asie du Sud-Est refusent obstinément leur intégration à l’État. Zomia : c’est le nom de cette zone d’insoumission qui n’apparaît sur aucune carte, où les fugitifs, environ 100 millions de personnes, se sont réfugiés pour échapper au contrôle des gouvernements.
Traités comme des « barbares » par les États qui cherchaient à les soumettre, ces peuples nomades ont mis en place des stratégies de résistance parfois surprenantes pour échapper à l’État, synonyme de travail forcé, d’impôt, de conscription, de soumission. Privilégiant des modèles politiques d’auto-organisation, certains sont allés jusqu’à choisir d’abandonner l’écriture pour éviter l’appropriation de leur mémoire et de leur identité.
Il s’agit ici d’une contre-histoire de la modernité. Comme Pierre Clastres, James C. Scott nous raconte l’histoire « d’une société contre l’État ». Car Zomia met au défit les délimitations géographiques traditionnelles et les évidences politiques, et pose des questions essentielles…
La république des Escartons
… autonomie communale dans le Briançonnais du Moyen Age à la révolution française.
A l’époque de l’apogée du féodalisme dans toute l’Europe, quelques communautés se soulevèrent contre leurs seigneurs et rois et obtinrent des libertés qui leurs garantissaient une autonomie plus ou moins étendue (création de la fédération suisse en 1291, les cités-Etats italiennes, les villes libres en Allemagne, etc.). La région des Alpes du Briançonnais fut de celles-là dès le 14e siècle.
Au sommaire :
La République des Escartons au 14e siècle : tiré de l’Almanach buissonnier n° 5, mars-avril-mai 1982.
La charte des Escartons : traduite sous la direction de Fernand Carlhian-Ribois
Le temps des bûchers
Extrait de Femmes, Magie et Politique, il s’agit d’une analyse de la chasse aux sorcières au travers des thèmes de l’expropriation de la terre, de l’expropriation de la connaissance et de la guerre à l’immanence.
Révolution bourgeoise et luttes de classes en France 1789-1799
Première partie : de la crise de l’Ancien Régime à la chute de la monarchie 1789-1792
Plantons le thym,
La montagne fleurira
et autres textes sur sur l’insurrection contre le Coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851 dans les Basses-Alpes et ailleurs.
Boîte à Outils Editions 2012
Découvrez cette brochure : 1851Bis
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Muscle Power
Par Simon Fairlie
Boîte à Outils Editions
Toute chair est herbe… Le bois nous fournit la chaleur mais l’herbe alimente nos muscles en énergie, la forme d’énergie renouvelable la plus négligée par les décideurs politiques. Dans ce dossier, nous explorons quelques pistes pour utiliser cette ressource des plus personnelles. Lire la suite : MusclePower
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Antisémitisme et national-socialisme par Moishe Poston
Boîte à Outils Edition 2010
Le texte: Cet essai a été publié par Moishe Postone en 1986 (inGermans and Jews since the
Holocaust: The Changing Situation in West Germany,
éd. Holmes & Meier).
La revue Temps critiques en a donné une traduction
partielle en 1990 (réédition in la Valeur sans le travail, L’Harmattan, 1999) et
il est paru en 2003 dans Moishe Postone, Marx est-il devenu muet ? L’Aube
Antisémitisme et national-socialisme: Quel est le rapport entre antisémitisme et
national-socialisme ? En Allemagne fédérale, le débat public sur cette question se caractérise
par l’opposition entre les libéraux et les conservateurs d’une part, et la
gauche d’autre part. Les libéraux et les conservateurs ont tendance à mettre
l’accent sur la discontinuité entre le passé nazi et le présent…
Lire la suite :
Antisemitismeetnationalsocialisme
Utopies Pirates
Ainsi que les bâteaux ivres de la liberté… et betwen the devil and the deep blue see…
Boite à outils édition 2012
Les
textes : Utopies pirates est la traduction d’une brochure de Do or Die, un collectif
libertaire britannique qui publie la revue d’écologie radicale du même nom. La
première traduction est du collectif FTP, parue sous le nom de Bastions pirates, revue et
corrigée pour parution en plusieurs épisodes dans Archipel N° 186 à 190
(forumcivique.org).Les bateaux ivres de la liberté est un extrait de la préface que Julius Van Daal a rédigé pour Pirates de tous les pays, de
Markus Rediker, l’un des ouvrages les plus fréquemment cités dans Utopies pirates. Between the Devil and the Deep Blue Sea est la préface de l’auteur, Markus Rediker, à l’édition française Les Forçats de la mer, marins, marchands et pirates dans le
monde angloaméricain (Libertalia 2010).Professeur d’Histoire à l’Université
de Pittsburgh, spécialiste du monde de la mer,Markus Rediker, né en 1952, est
aussi l’auteur de L’Hydre aux mille têtes: L’histoire
cachée de l’Atlantique révolutionnaire (Ed. Amsterdam,
2008), The slave Ship (Viking-Pinguin) et Pirates
de tous les pays: l’âge d’or de la piraterie atlantique, 1716-1726 (Libertalia, 2008).
Utopies
pirates
Durant
«l’Age d’Or» de la piraterie, entre le 17ème et
le 18ème
siècle, des équipages composés des
premiers rebelles prolétariens, des exclus de la civilisation, pillèrent les
voies maritimes entre l’Europe et l’Amérique. Ils opéraient depuis des enclaves
terrestres, des ports libres, des «utopies pirates» situées sur des îles ou le
long des côtes, hors de portée de toute civilisation…
Lire la suite… UtopiesPirates3
A écouter aussi des émissions de radio Zinzine consacrées aux utopies pirates :
http://www.zinzine.domainepublic.net/index.php?theurl=emmission2.php&id=2167
http://www.zinzine.domainepublic.net/index.php?theurl=emmission2.php&id=2169
La crise ? Quelle crise ?
Krisis, Robert Kurz, Johannes Vogele Boite à outils éditions 2010
Les
auteurs: Krisis, une revue parue en allemand depuis la fin des années 80, a toujours
été plus qu’une publication. Autour de la revue, le groupe organise des
séminaires et des discussions, mène et soutient des projets théoriques,
intervient par des publications dans le débat public et essaye de créer de
cette façon des forums et des liens autour de la critique sociale radicale reformulée.
On trouve une archive de textes plus anciens (quelques-uns aussi en français, espagnol,
italien et anglais) sur son site www.krisis.org.
Robert Kurz a animé le groupe Krisis jusqu’en 2004, il est aujourd’hui rédacteur
de la revue EXIT! Johannes Vogele a traduit divers textes du courant «critique de la valeur» pour le
mensuel Archipel, les sites Internet des groupes Krisis et EXIT! et pour la collection d’articles
de Robert Kurz Avis aux Naufragés. Il a vécu pendant 25 ans dans la commune Longo maï dont il reste
très proche. Aujourd’hui il écrit des chansons et les chante dans sa formation Ioanestrio et continue à
traduire et à penser la théorie révolutionnaire. Traductions
de l’allemand:Joviale et Kombal; toutes les notes sont des
traducteureuses.
Crash
course Pourquoi l’éclatement
de la bulle financière n’est-il pas dû à l’«avidité des banquiers» et pourquoi
ne peut-il exister de retour au «capitalisme providence» des années 1960, c’est
ce qu’explique le groupe Krisis dans ce tract paru sur son site… Lire la suite : Crise
Que c0est intéressant, il n’y aurait pas d’autres brochures, par hasard?