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Après la Commune, la République des colons, des guerriers nationalistes et finalement des collabos…

29 05 2021

FB_IMG_1621687608608C’est fini, la semaine sanglante s’achève le 28 mai 1871 par la victoire totale des versaillais. Paris, un temps le lieu de la révolution, est reprise par la réaction. La ville est traumatisée, les morts se comptent par milliers, les survivants ont peur au milieu des ruines, des restes de barricades, des bâtiments incendiés. Chacune, chacun, recherche ses proches, pense à se cacher, se replie sur soi en essayant de disparaitre. Comme le clament Thiers et son entourage « on est tranquille pour vingt ans », une génération disloquée encore une fois. Thiers se trompe, cette fois l’ordre a frappé fort, et la troisième République sait y faire, il faut attendre 1936 et le Front populaire pour que l’idée de révolte fasse de nouveau surface. C’est l’histoire de la troisième République, elle fait ses preuves par le massacre de la Commune de Paris en 1871, elle disparait en 1940 dans la collaboration avec le nazisme.

Après la victoire de mai 1871, les versaillais se vengent, ils ont eu peur. Les morts de la semaine sanglante ne suffisent pas. Alors on juge et l’on fusille. Celles et ceux qui échappent à la peine de mort sont condamnés au bagne, Nouvelle Calédonie, Guyane, ou à la prison. Louise Michel est déportée en Kanaky, Blanqui pourtant déjà enfermé prend une peine supplémentaire pour ce qu’il aurait pu faire. Beaucoup fuient vers la Suisse, la Belgique, l’Angleterre.

Les affaires reprennent, l’Empire français, un instant déstabilisé par la populace révoltée, a retrouvé toute sa superbe. Le colonialisme reprend de plus belle avec son corolaire le racisme. Des peuples sont asservis en Asie, en Afrique, en Amérique et dans le Pacifique pour la grandeur de la France. Dans les écoles de Jules Ferry on apprend aux enfants que leur pays civilise le monde, on leur apprend l’obéissance et la discipline. Comme Versailles a eu très peur de toutes ces femmes révoltées qui réclamaient le droit d’être, l’école de Ferry, très patriarcale, va apprendre aux petites filles à être dociles, à retourner s’occuper du foyer et surtout faire beaucoup d’enfants qui seront les soldats des prochaines guerres. Aux enfants colonisés on apprend que leurs ancêtres étaient de fiers gaulois, et s’ils n’ont pas la chance d’être blancs et riches, cela n’est pas grave ils peuvent quand même servir leur lointaine patrie, trimer pour elle, être humilié pour elle, et peut-être un jour se battre et mourir pour elle. La troisième République est abjecte ! Le nationalisme, le populisme, l’antisémitisme, le racisme, la xénophobie, la misogynie vont prospérer sous cette République de tueurs et de faux-culs, d’affairistes et d’assassins.

L’armée de ce pays n’obtient ses victoires que contre des civils, on l’utilise pour faire taire les révoltés à la maison, en 1848 pour mater une révolution qui se voulait sociale, en 1851 pour soutenir le putsch bonapartiste, en 1871 pour éteindre la Commune. Entre temps l’armée massacre dans l’empire, aux quatre coins du monde elle civilise en tuant, réprimant, massacrant. L’armée partage avec l’école de Jules Ferry un grand projet, prendre une revanche contre l’Allemagne, vainqueur en 1870, et récupérer l’Alsace Lorraine. Dés le plus jeune âge on prépare les enfants à cette échéance glorieuse, puis on les militarise, on en fait des « hommes », des brutes, des imbéciles armés. Forcément dans ces moments les idées les plus glauques ressortent méchamment, comme l’antisémitisme par exemple. Et l’armée puante se vautre dans l’affaire Dreyfus entrainant avec elle la moitié de la population dans cette abomination. Personne n’y échappe, une partie de la gauche s’y fourvoie, un trop grand nombre d’anciens communards s’y perdent pour toujours. Pareil avec les idées coloniales et le racisme, le nationalisme et la xénophobie, à croire que cette troisième République a réussi la prouesse de corrompre une partie de ses victimes, en les entrainant dans ses crimes…

Puis c’est l’heure de la grande revanche, de la grande boucherie de 14-18. Les imbéciles endoctrinés partent au front par centaines de milliers « la fleur au fusil ». L’Europe entière bascule dans la folie meurtrière et patriotique et peu s’y opposent. Jaurès est assassiné Rosa Luxemburg enfermée dès le début du conflit, le reste de la gauche veut jouer à la guerre avec tout le monde. Les révoltés, les insoumis, les déserteurs de chaque camp seront fusillés. Les généraux assoiffés de sang ne comptent pas la main d’œuvre, les morts se comptent par millions, beaucoup viennent de l’Empire, d’Afrique principalement. Les femmes d’un coup sont invitées à sortir du foyer, direction les usines d’armement par exemple, faut soutenir l’effort de guerre. Mais la troisième République est ingrate, une fois la victoire obtenue, l’Alsace et la Lorraine récupérées, les femmes sont renvoyées chez elles, et toujours pas de droit de vote. Pour cela il faudra encore attendre 1944 et le Conseil national de la résistance.

La victoire permet d’accroitre encore les empires coloniaux anglais et français, les deux se partagent les restes de l’empire ottoman. Irak, Syrie, Liban, Palestine, Jordanie… deviennent des protectorats. On peut mesurer aujourd’hui l’immense succès de ces décisions. L’euphorie coloniale est de courte durée, l’Europe est gangrenée par le fascisme et le nazisme. La troisième République incapable de soutenir la révolution espagnole et les brigades internationales laisse la victoire aux franquistes, signe précurseur de sa futur déroute. Les héritiers de Versailles sont laminés par les hordes nazies en 1940, la République se donne au Maréchal Pétain et sombre dans la collaboration. Les flics de la troisième République, les chauffeurs de bus, les concierges exécutent la rafle du Vel d’hiv, plus de 13 000 juifs de France sont arrêtés et seront déportés dans les camps d’extermination. Tout l’appareil d’Etat de la troisième République, magistrats, préfets, policiers, gendarmes, à de très rares exceptions, se lance dans la traque des juifs, des tziganes et des résistants. Ils sont enfin battus, mais seront bientôt appelés à poursuivre leurs funestes tâches, avec ce que l’on a reconstitué d’armée. Dés le 8 mai 1945, les massacres coloniaux reprennent. La décolonisation n’est toujours pas achevée, les fachos, les racistes et compagnie menacent encore, 150 après l’écrasement de la Commune les versaillais sont toujours au pouvoir !

FB_IMG_1617988828101Pardon pour les oublis, les approximations et les enchainements trop rapides, mais le cœur y est. « La Commune est en lutte et demain nous vaincrons… »

Bertrand B.

 

 


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